La rémunération des PDG est encore près des niveaux historiques, représentant 197 fois celle des travailleurs moyens

Une nouvelle analyse comparative entre les hommes et les femmes indique que la prime des cadres supérieurs a peu à voir avec le « mérite »
January 2, 2019

OTTAWA — Selon un nouveau rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), en 2017, les 100 PDG les mieux rémunérés au Canada ont touché 197 fois plus que les travailleurs moyens, atteignant leur salaire annuel moyen (50 759 $) le 2 janvier avant l’heure du lunch.

Le rapport montre que les 100 PDG des sociétés de l’indice composé S&P/TSX les mieux rémunérés du pays ont gagné en moyenne 10 millions de dollars en 2017, soit un peu moins que l’an dernier, mais ce qui représente tout de même une rémunération qui se trouve en deuxième position depuis que le CCPA effectue le suivi.

« Même s’il semble y avoir une pénurie de main-d'œuvre, nous n'assistons pas à une hausse marquée des salaires des travailleurs moyens », précise David Macdonald, économiste principal au CCPA et auteur du rapport. « Ce rapport nous rappelle qu’une immense richesse continue de circuler dans l’économie, mais qu’elle ne se retrouve tout simplement pas entre les mains du travailleur moyen. »

Cette année, un nouveau rapport (The Double-Pane Glass Ceiling: The gender gap at the top of corporate Canada) examine les différences salariales entre les hommes et les femmes dirigeants de société. Il révèle un écart salarial important entre les cadres dirigeants des deux sexes au Canada, ce qui mine l’argument du « mérite » souvent utilisé pour justifier des niveaux extrêmes de rémunération des cadres supérieurs. Chez les cadres supérieurs, les femmes gagnent 0,68 $ pour chaque dollar que gagnent leurs collègues masculins, ce qui représente 950 000 $ de moins par année. Le ratio est de 0,83 $ pour l'ensemble des travailleurs à temps plein.

« Les femmes font face à un double plafond de verre dans les sociétés canadiennes. Non seulement il est pratiquement impossible pour elles d’obtenir un poste de cadre supérieur, mais lorsqu’elles y parviennent, elles font face à un écart salarial important, ajoute M. Macdonald. Il s’agit d’une question de culture d’entreprise canadienne, et non de « mérite ». Les données indiquent que la rémunération et la représentation des femmes sont beaucoup plus faibles au sommet de l’échelle, ce qui est davantage attribuable à la discrimination systémique qui commence tôt dans leur carrière, malgré un niveau de scolarité semblable à celui de leurs pairs masculins. »

Voici quelques conclusions de ce rapport :

  • Le travailleur moyen devra travailler à temps plein toute l’année pour gagner ce qu’un des grands PDG aura déjà gagné le 2 janvier à 11 h 33.

  • L’an dernier, les salaires des PDG ont été particulièrement élevés parce que six hommes ont reçu des primes de retraite extrêmes atteignant de 9 à 18 millions de dollars chacune. Si nous éliminons ces primes de l’équation, l’année visée est celle où les 100 PDG les plus riches ont reçu la rémunération la plus élevée.

  • La rémunération « variable » ou les primes liées au cours des actions d’une société représentaient 77 % de la rémunération des PDG. Ce type de rémunération encourage la réflexion à court terme au détriment de l’investissement à long terme et de la croissance économique du Canada.

  • Les primes constituent également la principale cause de l’écart salarial entre les hommes et les femmes chez les cadres supérieurs. Même entre les hommes et les femmes cadres d’une même société, sur la base du même cours des actions, les femmes obtiennent des primes nettement inférieures.

  • L’écart salarial entre les hommes et les femmes est principalement attribuable au type de poste (les femmes n’accèdent pas aux postes de directeur financier et de PDG), mais aussi à la taille de la société et à l’industrie (les grandes entreprises et les industries au sein desquelles la rémunération des cadres est plus élevée sont moins susceptibles de compter des femmes cadres). Seulement 10 % des cadres dirigeants sont des femmes.


« Si les primes étaient vraiment accordées au « mérite », nous ne devrions pas voir des différences aussi extrêmes entre les primes des différents dirigeants d’une même société. Ainsi, l’argument de la méritocratie utilisé par certains pour tenter de justifier la rémunération scandaleuse des PDG ne tient pas la route », précise David Macdonald.

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Les rapports intitulés Des conditions exceptionnelles :La rémunération des PDG au Canada pourra être téléchargé à partir du site Web du CCPA. Pour organiser des entrevues, veuillez communiquer avec Alyssa O’Dell, responsable des relations avec les médias et des relations publiques du CCPA, au 613-563-1341, poste 307, ou à media@policyalternatives.ca.

 

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