L'augmentation des émissions du Canada est la plus importante du G7 depuis la signature de l’Accord de Paris

– Un nouveau rapport révèle que les emplois et les redevances diminuent avec l’augmentation des émissions –
May 31, 2021

VANCOUVER – Un changement de cap majeur s’impose si le Canada veut atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon un nouveau rapport du géologue d’expérience David Hughes. 

À l’approche du Sommet du G7 qui se tiendra à la fin du mois, le Canada et les États-Unis sont les seuls pays du G7 qui n’ont pas réduit leurs émissions depuis la signature de l’Accord de Paris en 2016. En fait, le Canada a enregistré sa plus forte augmentation d’émissions pendant cette période. 

À lui seul, le secteur pétrolier et gazier amènera le Canada à dépasser son objectif de réduction de 40 p. cent d’ici 2030 au terme de l’Accord de Paris, fixé par le premier ministre Trudeau lors du récent sommet sur le climat, organisé par le président Biden, ainsi que l’objectif de « carboneutralité » d’ici 2050 dans la foulée du projet de loi C-12. Ce nouveau rapport utilise les prévisions de production de pétrole et de gaz de la Régie de l’énergie du Canada (REC) et la présentation du gouvernement canadien à l’ONU sur les émissions de 2019 pour établir des prévisions quant aux émissions générées par le secteur jusqu’en 2050. Ce dépassement a lieu même dans le « scénario évolutif » de la REC, qui suppose que les gouvernements continueront d’instaurer de nouvelles politiques au fil du temps pour atteindre les objectifs de réduction des émissions. 

« Nous ne pourrons atteindre nos objectifs en matière d’émissions que si la production de pétrole et de gaz est réduite de manière significative par rapport aux niveaux projetés de la REC, affirme M. Hughes. La mise en œuvre de politiques qui favorisent l’augmentation de la production, comme le projet de prolongement de l’oléoduc Trans Mountain (TMX) au coût de 12,6 milliards de dollars et les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL), fera en sorte que le Canada ne respectera pas ses engagements en matière de réduction des émissions. » 

Le mois dernier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a également déclaré que les investissements dans les nouveaux projets d’exploitation pétrolière et gazière doivent cesser immédiatement si le monde veut atteindre son objectif de carboneutralité et limiter les pires effets des changements climatiques. Il faut selon l’AIE préconiser une transformation complète des systèmes énergétiques qui sont à la base du développement économique dans le monde.

Le rapport intitulé Canada’s Energy Sector: Status, evolution, revenue, employment, production forecasts, emissions and implications for emissions reduction met en lumière que même si la production de pétrole et de gaz atteint actuellement des sommets records, les retombées en matière d’emplois et de recettes publiques ont fortement chuté. Le rapport est publié conjointement par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), dans le cadre du Corporate Mapping Project (projet de recensement des entreprises; CMP), avec le Parkland Institute, Stand.earth, West Coast Environmental Law et 350.org. 

« Le nombre d’emplois liés à l’extraction pétrolière et gazière a baissé de 53 000 travailleurs par rapport au sommet enregistré en 2014, et ce, même si la production atteint des records, indique M. Hughes. En raison des progrès technologiques, le secteur a besoin de moins de travailleurs qu’avant, il est donc peu probable que le nombre d’emplois à pouvoir revienne au niveau antérieur. » 

Il souligne également que le secteur contribue beaucoup moins aux recettes publiques qu’auparavant. 

« Les redevances sur le pétrole et le gaz ont globalement diminué de 45 % depuis 2000 au Canada et de 61 % en Alberta, malgré le fait que la production atteint des niveaux sans précédent », ajoute M. Hughes. 

Les prévisions de production dans le cadre du scénario évolutif de la REC montrent clairement qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’oléoducs supplémentaires puisque la capacité d’exportation actuelle est suffisante, dit M. Hughes, expliquant que la nécessité de réduire la production pour atteindre les objectifs de réduction des émissions se traduira par une capacité excédentaire encore plus grande sur les oléoducs existants. 

« Si l’on tient compte de l’augmentation de capacité annoncée des oléoducs actuels, le Canada dispose déjà d’une capacité suffisante pour transporter la quantité de pétrole que la REC prévoit exporter en 2050, sans le TMX ni l’agrandissement de la ligne 3 », mentionne-t-il. 

M. Hughes soulève également des questions importantes sur l’efficacité du captage et du stockage du carbone (CSC) à l’échelle requise, et sur l’achat de crédits compensatoires de carbone, deux approches que le gouvernement fédéral considère de plus en plus adopter pour faire face à la crise climatique. 

Par ailleurs, M. Hughes fait observer que le pétrole et le gaz ont comblé 77 % de la demande d’énergie au Canada en 2019 et qu’ils seront probablement nécessaires, à un certain niveau dans un avenir prévisible. Il faudra réduire les exportations, qui représentaient 55 % de la production de pétrole et 18 % de la production de gaz en 2019, et adopter des politiques musclées en vue de réduire la consommation au pays. 

« Il est de plus en plus clair que notre gouvernement doit intervenir et présenter un plan crédible, qui répond aux besoins des travailleurs et des collectivités qui sont déjà laissés pour compte, tout en réduisant les émissions de façon significative », conclut Marc Lee, économiste principal du CCPA et membre du Corporate Mapping Project. Au lieu de nous concentrer sur l’extraciton et l’exportation du plus grand volume de combustibles fossiles possible, nous devons penser à l’avenir des emplois et des revenus au Canada, tout en réduisant progressivement les activités du secteur. » 

« Il est de plus en plus apparent que la croissance du secteur pétrolier et gazier au Canada rend notre économie plus vulnérable, ne crée pas plus d’emplois, augmente la pollution de lair, de l’eau et des terres, et empêche notre pays d’atteindre ses objectifs climatiques. Nous ne pouvons tout simplement pas continuer d’accroître la production de produits en passe d’être abandonnés à travers le monde, et qui augmentent la pollution et rendent plus difficile la mise en place d’une économie propre et sécuritaire. Nous avons besoin d’un plan aujourd’hui pour réduire la production de pétrole et de gaz et les émissions, qui ne laissent personne de côté », a déclaré Tzeporah Berman, directrice du programme international Stand.earth. 

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Pour de plus amples renseignements ou pour des entrevues, veuillez communiquer avec Mme. Jean Kavanagh au 604‑802‑5729, [email protected]

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