Le budget de 2025 de l’Ontario présente de nombreux chiffres impressionnants, mais il ne règle pas le manque de fonds dans des programmes et secteurs fondamentaux. L’analyse du CCPA le jour même du budget portait sur la tendance générale et, dans un article rédigé pour Toronto Star, nous avons abordé le financement des programmes d’études postsecondaires.
Maintenant, penchons-nous sur le financement des écoles.
Dans le document du budget, les services de garde d’enfants sont inclus dans le poste budgétaire de l’éducation. En 2024-2025, les services de garde représentaient quatorze pour cent des fonds attribués à ce portefeuille, à comparer à sept pour cent en 2019-2020. Cette augmentation s’explique presque entièrement par les transferts fédéraux de l’Entente pancanadienne sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. Cette nouvelle dépense pour les services de garde a fait augmenter considérablement le portefeuille de l’éducation — ce qui est une bonne nouvelle en soi, mais qui complique les choses pour faire le suivi du financement alloué aux écoles.
Le budget de fonctionnement des conseils scolaires représente environ 75 pour cent du financement alloué au secteur de l’éducation. Le gouvernement provincial présente la ventilation de ce financement dans des documents rendus publics aujourd’hui sur le Financement principal de l’éducation (appelé auparavant subventions pour les besoins des élèves).
D’abord, une vue d’ensemble
À ce stade, les conseils scolaires reçoivent en moyenne 260 $ de moins par élève cette année par rapport à l’année scolaire 2018-2019, une fois l’inflation et les inscriptions prises en compte.
L’écart est beaucoup moins important que celui de l’an passé. Ceci s’explique principalement par le fait que, durant l’année, le gouvernement a transféré la presque totalité des 1,4 milliard de fonds non alloués (provision de planification) du Financement principal de l’éducation de l’année dernière aux conseils scolaires. Au chapitre des allocations prévues pour 2025-2026, la provision de planification a chuté à 63 millions de dollars.
L’écart de financement de 260 $ par élève par année demeure important; il représente un déficit de financement de 561,7 millions de dollars pour l’année scolaire de 2025-2026 comparativement à ce qu’ont reçu les conseils scolaires en 2018-2019. L’écart de financement cumulatif — c’est-à-dire la somme totale qu’ont perdue les conseils scolaires de l’Ontario par rapport à ce qu’ils auraient reçu si leur financement avait suivi la cadence des inscriptions et l’inflation au cours des sept dernières années — donne la somme stupéfiante de 6,35 milliards de dollars.
Ensuite, le portrait local
Le gouvernement ontarien lance des enquêtes sur le financement de trois conseils scolaires « pour ne pas avoir réglé des déficits financiers récurrents et des problèmes de dépenses ». Nous avons comparé les allocations prévues de ces conseils pour l’année scolaire de 2025-2026 avec leurs allocations passées afin de déterminer si le financement avait suivi l’inflation et la croissance des inscriptions. Ce n’est pas le cas.
Toronto District School Board – TDSB
Le financement du TDSB a diminué de 400 $ par élève pour l’année scolaire de 2025-2026 à comparer au financement du conseil scolaire en 2018-2019, ajusté au taux d’inflation. L’écart budgétaire pour la prochaine année scolaire est de 106.7 millions de dollars par rapport à ce que le conseil recevrait si le financement reçu en 2018-2019 avait suivi l’inflation et les inscriptions. L’écart cumulatif de financement au cours des sept dernières années est de 898.2 millions de dollars.
Toronto Catholic District School Board – TCDSB
Le financement du TCDSB a diminué de 370 $ par élève pour l’année scolaire de 2025-2026 à comparer au financement du conseil scolaire en 2018-2019, ajusté au taux d’inflation. L’écart budgétaire pour la prochaine année scolaire est de 37.8 millions de dollars par rapport à ce que le conseil recevrait si le financement reçu en 2018-2019 avait suivi l’inflation et les inscriptions. L’écart cumulatif de financement au cours des sept dernières années est de 288.7 millions de dollars.
Ottawa-Carleton District School Board – OCDSB
Le financement du OCDSB a diminué de 560 dollars par élève pour l’année scolaire de 2025-2026 à comparer au financement du conseil en 2018-2019, ajusté au taux d’inflation. L’écart budgétaire pour la prochaine année scolaire est de 42,8 millions de dollars par rapport à ce que le conseil recevrait si le financement reçu en 2018-2019 avait suivi l’inflation et les inscriptions. L’écart cumulatif de financement au cours des sept dernières années est de 338,4 millions de dollars.
Nous nous sommes également penchés sur les données financières afférentes aux deux plus grands conseils scolaires francophones de l’Ontario : le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) et le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE). Les montants cumulatifs du sous-financement sont moins élevés, car ces conseils scolaires sont beaucoup plus petits les précédents. Néanmoins, les tendances sont identiques et déconcertante.
Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario – CEPEO
Le financement du CEPEO a diminué de 470 $ par élève pour l’année scolaire de 2025-2026 à comparer au financement du conseil scolaire en 2018-2019, ajusté au taux d’inflation. L’écart budgétaire pour la prochaine année scolaire est de 8,1 millions de dollars par rapport à ce que le conseil recevrait si le financement reçu en 2018-2019 avait suivi l’inflation et les inscriptions. L’écart cumulatif de financement au cours des sept dernières années est de 85,3 millions de dollars.
Conseil des écoles catholiques du Centre-Est – CECCE
Le financement du CECCE a diminué de 390 $ par élève pour l’année scolaire de 2025-2026 à comparer au financement du conseil scolaire en 2018-2019, ajusté au taux d’inflation. L’écart budgétaire pour la prochaine année scolaire est de 10,8 millions de dollars par rapport à ce que le conseil recevrait si le financement reçu en 2018-2019 avait suivi l’inflation et les inscriptions. L’écart cumulatif de financement au cours des sept dernières années est de 91,1 millions de dollars.
Le sous-financement persistant du gouvernement provincial et les écarts cumulatifs de financement mis en relief dans les graphiques ci-dessus sont vraisemblablement la cause principale des déficits de ces conseils scolaires et de ceux d’autres conseils scolaires. Cette crise financière n’est pas un problème soudain — il s’est construit sur de nombreuses années et est relié à des failles structurelles dans la formule de financement de l’éducation spécialisée et d’autres secteurs, une situation documentée depuis longtemps par le CCPA.
Notes méthodologiques
Étant donné que les dépenses réelles de 2022-2023 n’ont pas encore été publiées, la présente analyse s’appuie sur les estimations révisées de cette année-là.
Les calculs excluent les sommes non allouées décrites comme les « provisions de planification ». Les conseils scolaires n’ont pas de pouvoir discrétionnaire sur ces sommes et ne peuvent compter sur celles-ci lorsqu’ils planifient pour l’année scolaire à venir. Lorsque des fonds non alloués sont dépensés pour les conseils scolaires, les estimations et les dépenses réelles révisées sont mises à jour et nos analyses subséquentes tiennent compte de ces changements.
Les calculs excluent le service de la dette et le financement ponctuel relié à la pandémie, à l’instar du calcul par élève du financement de base pour les besoins des élèves les années passées effectué par le ministère de l’Éducation.